Intervention de Lahcen ER RAJAOUI, Président de « NOUS AUSSI »
Bureau de l’Udapei « Les Papillons Blancs du Nord » du 13 mai 2020
Bonjour et merci de me permettre d’intervenir au sein de votre réunion de bureau.
Avant de commencer, j’en profite pour souhaiter à notre UDAPEI un joyeux anniversaire pour ses 60 bougies en avance bien sûr de quelques heures.
Le témoignage comprend ma situation personnelle, quelques informations collectées auprès des membres du Conseil d’Administration et des professionnels qui nous accompagnent.
Le confinement au début ça allait. Nous trouvions des occupations à faire comme par exemple faire du bricolage, du ménage, de la lecture, la télévision, et au fil des jours la lassitude commence à nous gagner. Alors on laisse le bricolage, le ménage et tout le reste de côté. De mon côté, ça va, j’ai quand même une association à gérer avec ma personne de soutien qui fait du télétravail. Par exemple, j’ai fait un Conseil d’Administration à distance, j’ai eu des réunions CNCPH dont une ce matin et des réunions de travail pour Nous Aussi, telles que des demandes de subventions pour notre projet : le droit de vote.
J’ai annulé malgré moi et en accord avec notre Conseil d’Administration, l’événement de l’année qui est bien sûr le congrès. Voilà tout ça pour dire que malgré tout, je m’en sors bien !
Lors de notre CA, nous avons parlé du confinement dont voici un petit résumé du compte rendu. Pour les personnes accompagnées, il peut y avoir plusieurs difficultés dans :
- La compréhension du confinement, même si de plus en plus de personnes comprennent ce mot là
- L’incompréhension des gestes barrières
- L’isolement et la solitude pour les personnes en appartement qui peut même appeler à la dépression,
- dans les foyers logements : les professionnels qui naviguent d’un service à un autre et la mise en danger d’autrui avec le domicile familial. La gestion de la solitude reste le problème majeur pour certains d’entre nous. Les personnes accompagnées dépriment
- Parfois aucun port de masque des 2 côtés, personnes accompagnées et accompagnateurs
- Des actions isolées d’établissement, non développées au niveau de l’ensemble des autres établissements dans la même association,
- Après, y’a l’inquiétude d’après-confinement
- Pour les personnes isolées trop longtemps, c’est de réapprendre à vivre en société qui est un exercice difficile qui va nécessiter un accompagnement de proximité
- Y’a le « avant » et le « maintenant » difficile à prévoir et à organiser car c’est une situation exceptionnelle et étrange mais comment préparer la vie après le confinement pour certains d’entre nous en tant que public fragilisé ?
Les administrateurs de Nous Aussi regrettent le manque de réactivité du gouvernement au début de la crise.
Et là, ils parlent du port du masque obligatoire. Comment et où s’en procurer et à quel prix ? Nous avons déjà du mal à avoir le budget nécessaire pour vivre et il ne nous manquerait plus que ça…
Mais malgré tout, nous n’avons pas à nous plaindre car pour les personnes travaillant dans un ESAT, il n’y a pas de perte de salaire ni de leur AAH. Mais les collègues (travailleurs et encadrants) nous manquent et l’autonomie que nous avons du mal à avoir, nous recommençons à la perdre. Et en ce qui concerne le maintien de salaire, j’ai appris qu’à la fin du mois de mai, c’est terminé.
Il va y avoir un souci vu que les ESAT ne peuvent plus accueillir tous les travailleurs. En tout cas, une grosse majorité de personnes ne sera plus accueillie dans le lieu de travail vu qu’il faut respecter la distanciation de 4m² par personne.
Un exemple : pas plus tard qu’hier, j’ai visité l’ESAT où je travaille (en tant que représentant des travailleurs d’ESAT) au CVS, au regard de la nouvelle configuration. Il y aura beaucoup de personnes qui ne pourront pas et plus travailler. Exemple : sur 213 travailleurs accueillis, il n’y aura plus que de la place pour environ 86, et dans la salle de restauration où d’habitude on peut accueillir jusqu’à 70 personnes par service, maintenant on ne peut en accueillir que 23 et ça doit être pareil pour les autres établissements d’accueil tels que les écoles et les foyers. C’est ce que je ne veux pas en tant que représentant des personnes en situation de handicap ! C’est discriminant de dire à une personne : « je suis désolé mais vous ne pouvez pas venir travailler » et il faut que les autres associations fassent de même.
Si vous avez des questions à me poser, n’hésitez pas et j’en aurai aussi si vous me le permettez : RIEN POUR NOUS SANS NOUS. Merci de m’avoir écouté.
- Je voudrais savoir ce que chacun pense de la situation ? Comment chacune des associations fonctionne ?
- Comment va se passer le déconfinement pour les personnes accompagnées dans les associations ? Avec les mesures à mettre en place : masques, distance entre les personnes ?
- Qu’est-ce que les associations retiennent de cette crise et ce qu’elles souhaitent mettre en place à l’avenir ?
- Comment est-ce que vous garantissez le choix de la personne ?
JE SAUVE DES VIES SI JE RESTE CHEZ MOI
RIEN POUR NOUS SANS NOUS
Cordialement,
Lahcen ER RAJAOUI